










Introduction Paris, 2025. Sur les Grands Boulevards, les néons des cinémas historiques brillent toujours, mais les salles sont souvent à moitié vides, même le week-end. Le constat est le même à Rome, Madrid ou Berlin. Après avoir espéré un retour massif des spectateurs après la pandémie, les exploitants de salles européens font face à une dure réalité : la fréquentation stagne à un niveau bien inférieur à celui de 2019, et la crise n'est plus conjoncturelle, elle est structurelle. Entre la concurrence féroce du streaming, le prix élevé des billets et une offre de films qui peine à se renouveler, le modèle économique de la salle de cinéma est en péril.
Le principal responsable de cette désaffection est bien identifié : les plateformes de streaming. Pendant les confinements, des dizaines de millions d'Européens se sont abonnés à Netflix, Disney+ ou Prime Video et ont pris l'habitude de consommer un flux quasi illimité de films et de séries depuis leur canapé, pour le prix d'un ou deux billets de cinéma par mois.
Cette habitude est restée. La "fenêtre de sortie" entre la salle et le streaming s'est considérablement réduite, diminuant l'attrait de l'exclusivité. De plus, les plateformes sont devenues des producteurs majeurs, proposant des films de grande qualité avec des stars internationales, qui ne passent même plus par la case cinéma. Pour une grande partie du public, notamment les plus jeunes, l'expérience du home cinéma, avec ses grands écrans et ses barres de son, est devenue une alternative tout à fait satisfaisante.
Face à cette concurrence, l'expérience en salle doit être irréprochable pour justifier un prix du billet qui, inflation oblige, a dépassé les 12, voire 15 euros dans de nombreuses capitales. Or, de nombreux cinémas, notamment les multiplexes de périphérie, offrent une expérience standardisée qui peine à se distinguer.
Les salles qui résistent le mieux sont celles qui ont misé sur une identité forte. Les cinémas d'art et d'essai, qui proposent une programmation exigeante et animent une communauté de cinéphiles avec des rencontres et des débats, conservent un public fidèle. À l'autre extrême, les salles de luxe, avec des fauteuils inclinables, un service de restauration et une technologie de projection et de son de pointe (IMAX, Dolby Cinema), parviennent à attirer un public prêt à payer le prix fort pour une expérience "premium". Ce sont les cinémas du milieu de gamme qui souffrent le plus.
Conclusion L'avenir des salles de cinéma en Europe passe par une profonde remise en question. Le modèle de "l'usine à films" où l'on projette indifféremment des blockbusters américains et des comédies nationales semble à bout de souffle. Pour survivre, le cinéma doit redevenir un lieu d'exception, un lieu de rencontre, un lieu d'expérience collective qui offre une véritable plus-value par rapport à l'écran domestique. Cela passera par une diversification des offres, une plus grande flexibilité des tarifs, et un soutien public continu pour préserver le maillage des salles indépendantes, qui sont essentielles à la diversité culturelle et à la vie sociale de nos villes.