










Copenhague, Danemark, 2025. Chaque année, les classements internationaux comme le "World Happiness Report" placent les pays scandinaves au sommet du bonheur mondial. Un État-providence solide, un haut niveau de confiance sociale, une grande égalité... La recette semble parfaite. Pourtant, derrière cette façade de contentement, une ombre s'étend : la solitude. De Stockholm à Oslo, en passant par Copenhague, les professionnels de la santé mentale et les sociologues tirent la sonnette d'alarme. Une part croissante de la population, notamment les jeunes hommes et les personnes très âgées, souffre d'un sentiment d'isolement chronique, prouvant que le bien-être matériel ne suffit pas à combler le besoin humain de connexion.

La solitude dans les pays nordiques n'est pas uniforme ; elle frappe de manière disproportionnée à des âges spécifiques, pour des raisons différentes.
Pour la jeunesse, le paradoxe est saisissant. Dans des sociétés hyper-connectées, le sentiment de déconnexion est fort. La pression de la réussite scolaire et sociale, amplifiée par les réseaux sociaux, crée une anxiété qui peut mener à l'isolement. L'individualisme, valeur cardinale du modèle nordique, peut aussi rendre plus difficile la création de liens profonds. "Tout est fait pour que vous soyez autonome et indépendant dès le plus jeune âge, ce qui est une force. Mais parfois, cela signifie que personne ne remarque quand vous commencez à vous effacer", explique un psychologue scolaire à Stockholm.
Pour les personnes âgées, la situation est différente. L'excellent système de prise en charge public (soins à domicile, résidences adaptées) garantit leur sécurité matérielle. Cependant, il a aussi affaibli les liens de dépendance familiale traditionnels. Les enfants, sachant leurs parents entre de bonnes mains, peuvent se sentir moins obligés de rendre des visites fréquentes. Le résultat est un vieillissement souvent digne, mais parfois terriblement seul. La Suède détient le record du nombre de personnes vivant seules en Europe, ce qui accentue le risque d'isolement en cas de perte de mobilité.
La prise de conscience de ce problème est désormais bien réelle et les initiatives se multiplient pour retisser du lien social. Des associations organisent des "marches contre la solitude". Des médecins peuvent désormais émettre des "prescriptions sociales", orientant leurs patients isolés vers des clubs de lecture, des chorales ou des jardins communautaires. Mais la réponse la plus innovante vient peut-être de l'urbanisme, avec le développement de projets d'habitat intergénérationnel où étudiants et seniors vivent dans le même immeuble, partageant des espaces communs et des services.
Conclusion Le modèle scandinave est confronté à un nouveau défi, celui de l'âme. Après avoir brillamment résolu les questions de sécurité économique et d'égalité, il doit maintenant s'attaquer à la pauvreté relationnelle. La lutte contre la solitude est devenue une question de santé publique et une priorité politique, démontrant que la qualité d'une société ne se mesure pas seulement à son PIB ou à ses allocations, mais aussi à sa capacité à générer et à maintenir des liens humains forts.