










Berlin, automne 2025. Un vent frais souffle sur la capitale allemande, et il n'est pas seulement météorologique. La coalition "Ampel" (feu tricolore), dirigée par le chancelier Olaf Scholz, traverse la plus grave crise de son mandat. À un an des prochaines élections fédérales, l'alliance entre les Sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les Libéraux du FDP semble plus fragile que jamais. Les divergences idéologiques, exacerbées par un contexte économique morose et des pressions géopolitiques constantes, menacent de faire dérailler le gouvernement le plus hétéroclite de l'histoire moderne du pays.
Le cœur du conflit réside dans la préparation du budget 2026, un exercice qui s'apparente à une quadrature du cercle. D'un côté, le ministre des Finances, Christian Lindner (FDP), se pose en gardien inflexible du "Schuldenbremse", le frein à l'endettement inscrit dans la Constitution. Pour les Libéraux, le retour à une orthodoxie budgétaire stricte est non négociable, une condition sine qua non pour rassurer les marchés et préserver la crédibilité financière de l'Allemagne.
De l'autre, les Verts, menés par le vice-chancelier Robert Habeck, estiment que cette rigueur est un suicide économique et climatique. Ils plaident pour des investissements massifs dans la transition énergétique, la modernisation des infrastructures et le soutien à une industrie en pleine mutation. Pour eux, le frein à l'endettement est un dogme du passé qui empêche l'Allemagne de préparer son avenir.
Olaf Scholz, fidèle à son style discret et modéré, tente de jouer les médiateurs. Mais sa position est de plus en plus intenable. Chaque compromis est perçu comme une trahison par l'un ou l'autre camp. Les récentes passes d'armes publiques entre Habeck et Lindner sur des sujets aussi variés que les subventions aux entreprises énergivores ou la politique familiale ont laissé des cicatrices profondes. Selon des sources internes au Bundestag, les réunions de coalition sont devenues des champs de bataille où les anathèmes remplacent les arguments.
Cette cacophonie gouvernementale fait les affaires de l'opposition. La CDU/CSU, dirigée par Friedrich Merz, se présente comme la seule alternative crédible, martelant un discours de sérieux et de stabilité. Les sondages récents montrent une nette progression des conservateurs, qui capitalisent sur le sentiment d'instabilité généré par la coalition.
Plus inquiétant encore, l'extrême droite (AfD) continue de consolider sa base, notamment dans les Länder de l'Est, en exploitant les craintes liées à l'inflation, à l'immigration et au coût de la transition écologique. La paralysie du gouvernement central ne fait qu'alimenter leur rhétorique anti-système.
Conclusion L'Allemagne est à la croisée des chemins. La coalition "feu tricolore" peut-elle surmonter ses divisions pour gouverner jusqu'au terme de son mandat ? Ou assisterons-nous à une rupture anticipée, plongeant la première économie européenne dans une période d'incertitude politique majeure ? Les prochains mois seront décisifs, non seulement pour l'avenir d'Olaf Scholz, mais aussi pour la direction que prendra l'Allemagne, et avec elle, l'Europe entière.