










Avec la population la plus jeune du monde, l'Afrique est confrontée à un défi colossal : créer suffisamment d'emplois décents pour des millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Malgré une croissance économique soutenue dans de nombreux pays, le taux de chômage des jeunes reste alarmant, en particulier chez les diplômés. Cette situation, si elle n'est pas gérée, représente une bombe à retardement sociale, économique et politique. Elle alimente la migration irrégulière, le désespoir et l'instabilité, et menace de transformer le "dividende démographique" en un fardeau.
<h2>Le paradoxe de la croissance sans emplois</h2> Le problème n'est pas l'absence de croissance, mais la nature de cette croissance. De nombreux pays africains connaissent une croissance tirée par l'exploitation des ressources naturelles (pétrole, minerais) ou des services à faible valeur ajoutée, des secteurs qui ne sont pas de grands pourvoyeurs d'emplois. Le secteur manufacturier, créateur d'emplois massifs, reste sous-développé. Le secteur informel absorbe une grande partie de la main-d'œuvre, mais offre des emplois précaires, sans protection sociale et avec des salaires faibles. Seule une petite minorité accède au secteur formel, souvent via des emplois publics saturés.

<h2>L'inadéquation entre formation et marché du travail</h2> Un problème majeur est l'inadéquation entre les compétences acquises par les jeunes et les besoins du marché du travail. De nombreux diplômés sortent des universités avec des qualifications théoriques qui ne correspondent pas aux attentes des entreprises, qui recherchent des compétences techniques, pratiques et numériques. Le système éducatif est souvent déconnecté des réalités économiques, produisant des cohortes de jeunes qui n'ont pas les "soft skills" (esprit critique, créativité, capacité à résoudre des problèmes) recherchées par les employeurs. Le manque de stages et d'expériences professionnelles pendant les études aggrave cette situation.
<h2>Les pistes de solution : entrepreneuriat, formation professionnelle, numérique</h2> Face à l'ampleur du défi, plusieurs pistes sont explorées : <h3>Soutenir l'entrepreneuriat des jeunes</h3> Créer sa propre entreprise est souvent la seule option. Des incubateurs, des programmes de mentorat et des fonds d'amorçage sont mis en place pour accompagner les jeunes entrepreneurs et développer une culture de l'innovation. <h3>Renforcer la formation professionnelle et l'alternance</h3> Investir massivement dans des formations professionnelles de qualité, en lien direct avec les besoins des entreprises (agri-business, artisanat, numérique, énergies renouvelables), est essentiel. Développer des partenariats avec le secteur privé et favoriser l'alternance permet aux jeunes d'acquérir une expérience concrète. <h3>Exploiter le potentiel du numérique</h3> Le secteur numérique est un formidable créateur d'emplois. Former les jeunes aux métiers du digital (développeurs web, community managers, experts en cybersécurité) est une priorité. Les plateformes de "freelancing" offrent également des opportunités de travail à distance.
Conclusion La question de l'emploi des jeunes est la question centrale pour l'avenir de l'Afrique. La jeunesse du continent n'est pas un problème, c'est une immense opportunité, à condition qu'elle soit éduquée, formée et puisse trouver sa place dans l'économie. Les États africains, en partenariat avec le secteur privé et la société civile, doivent redoubler d'efforts pour mettre en place des politiques ambitieuses en faveur de l'emploi, transformant ainsi le rêve d'une vie meilleure pour des millions de jeunes en une réalité pour tout le continent.